Chacun des six types de symbole représente une pièce. À vous des identifier ! La position obtenue doit bien sûr être légale (même si farfelue). Il faudra donc en explorer le passé pour vérifier qu'il est possible de l'atteindre.

Ce problème a été repris sur le site de Jean-Marc Chorein, sous le diagramme 145. Finalement, début 2005 je rédigeai une nouvelle mettant en scène ce problème :

Il y a quelques années déjà, j'avais l'habitude de faire de longues balades en montagne avec un de mes meilleurs amis. Nous partions tôt le matin pour profiter de la fraîcheur matinale et poursuivions notre ascension jusqu'en début d'après-midi, où nous nous arrêtions pour une pause gastronomique. Parfois, le pique-nique s'éternisait en de longues discussions philosophiques qui invariablement se terminaient par une partie d'échecs.

Un après-midi où le repas avait été particulièrement arrosé, nous nous laissâmes tous deux gagner par la douce torpeur d'une sieste au soleil. Nos rêveries furent troublés par un grondement sourd venu des cieux. Alors que nous sommeillions, le ciel s'était couvert, le vent levé et un violent orage semblait sur le point de s'abattre sur nous. Nous eûmes à peine le temps de rejoindre une maison de berger à quelques centaines de mètres lorsqu'il se déchaîna.

Après quelques instants passés à contempler le déluge auquel nous venions d'échapper, nous fîmes un peu attention à l'endroit où nous nous trouvions. Quel ne fut pas notre étonnement devant l'aspect étrange des lieux. Dans une unique grande pièce se trouvaient plusieurs meubles rustiques qui semblaient provenir tout droit du siècle précédent. Un lit, un long banc, une table et surtout une âtre imposante dans laquelle, à notre grande stupéfaction, se trouvait une marmite... de soupe chaude ! L'espace d'un instant, nous fûmes gagnés par une terreur superstitieuse puis, en jeunes hommes avisés, nous nous mîmes à examiner notre environnement avec attention. La propreté de l'endroit, tout comme le repas sur le feu, prouvait que le lieu était habité. Cependant, tout était si bien ordonné, si bien rangé, si austère et en même temps si rustique, si archaïque qu'il nous sembla que nul présence humaine ne pouvait avoir créé un tel décor. Plus troublant, nul ustensile, nul aliment, nulle bûche n'attestaient de la préparation d'une soupe...

Alors que nous nous interrogions, le jour déclinait inexorablement. Les ténèbres nous envahissait peu à peu. Bien malgré nous, nous nous installâmes pour passer la nuit. Une couverture de laine rêche suffisait à peine à nous protéger de l'air ambiant, glacial et humide. Malgré tout, le sommeil eut le dernier mot.

Ce fut mon ami qui se réveilla le premier. Une faible lumière rougeâtre éclairait son visage. Je pus voir, malgré l'hébétude d'un homme qu'on vient de tirer de son sommeil, toute l'inquiétude que son regard laissait transparaître. Je me trournai et constatai qu'au fond de l'âtre quelques tisons nous procuraient cette rougeur surnaturelle. Nous nous extirpâmes de notre lit de fortune et nous ne pûmes que constater qu'on avait fait brûler quelques morceaux de bois et vidé le contenu de la marmite. Quel qu'il fut, ce “on” était diablement silencieux !

C'est en nous esseyant à la table que nous découvrîmes les étranges symboles. La faible lueur provenant de l'âtre semblait découper de petites formes géométriques au centre de la table. Pourtant, le relief était si fin qu'on pouvait à peine le sentir en laissant courir nos doigts sur la surface du bois. À ce moment, la curiosité naturelle l'emporta sur nos peurs infantiles et nous nous mîmes à étudier cette curieuse oeuvre d'art. On distinguait de prime abord six symboles différents. Cependant, nous nous aperçûmes que le motif était soit surélevé par rapport à la surface, soit encastré dans cette dernière. L'obscurité reprenant peu à peu le dessus, nous fîmes un rapide croquis de notre découverte. Nous passâmes ensuite une bonne partie de la nuit à discuter et à émettre diverses conjectures sur la signification et la provenance de ces délicates sculptures.

Nous nous réveillâmes assez tard. Rien semblait n'avoir bougé dans la pièce; on aurait dit que le moindre grain de poussière se trouvait exactement là où il était la veille. Rien non plus ne laissait soupçonner les événements de la nuit. Nous eûmes beau examiner la table sous tous les angles, les mystérieux symboles restaient invisibles.

Quelques jours plus tard, je montrais notre croquis à un éminent historien des écritures anciennes qui, après avoir jeté un bref regard à notre gribouillage, me sourit et me dit “C'est curieux, on dirait un échiquier...”. Je le regardai, incrédule, m'attendant à une réflexion beaucoup plus savante de la part d'un tel spécialiste. Nous nous amusâmes à remplacer les symboles par des pièces, mais toutes les positions que nous obtenions étaient illégales. Toutes ? Non, un raisonnement assez poussé nous fit conclure à la validité d'une possibilité, excessivement complexe.

Inutile de vous dire que nous n'avons jamais pû retrouver l'improbable cabane qui abritait ce chef-d'oeuvre, que je vous laisse découvrir.